Isabelle DUPÉRON
Docteur (ED 472)
Biographie
Ancienne élève de l’École Normale Supérieure (1986), agrégée (1988) et docteur en philosophie (1996), s’intéressant depuis l’adolescence au sanskrit, ainsi qu’à la civilisation et aux religions de l’Inde, elle a produit une première étude dans ce domaine en publiant en 2003 un essai de philosophie comparée, Héraclite et le Bouddha : deux pensées du devenir universel (L’Harmattan). En 2007, elle a obtenu un Master de l’EPHE, avec un mémoire intitulé L’Īśā Upaniṣad, présentation, traduction et commentaire des strophes 1 à 5, préparé sous la direction du professeur Lyne Bansat-Boudon, grâce à l’enseignement de laquelle elle s’est également perfectionnée en sanskrit. Au cours de cette année de recherche, elle a eu l’occasion de commencer à s’intéresser au thème des précurseurs védiques des idées upanisadiques. L’approfondissement de ce thème a débouché sur un projet de doctorat intitulé Les Sources védiques de la théorie de la renaissance, entamé en 2014 à l’EPHE sous la direction du professeur Jan. E. M. Houben et achevé par une soutenance en mars 2021. Dans ce travail, elle a montré comment les plus anciens textes upaniṣadiques mentionnant le phénomène de la renaissance constituent le terme ultime d’une longue évolution des conceptions de la survie post-mortem, débutant avec le dixième livre du g-veda, et se poursuivant avec l’Atharva-veda et les Saṃhitā du Yajur-veda Noir qui introduisent l’idée selon laquelle l’existence céleste obtenue après la mort aura une durée proportionnelle aux effets des sacrifices accomplis pendant la vie terrestre, puis avec les Brāhmaṇa tardifs qui mentionnent explicitement la fin de cette existence céleste et présentent la connaissance associée à certains rituels comme le moyen d’échapper à une telle « remort ». Il s’est agi à chaque fois de dégager les conceptions doctrinales sous-jacentes à divers textes védiques concernant au premier chef le rituel, et de tenter de restituer leur logique propre – qui n’est accessible qu’à la condition de faire l’effort de comprendre les mentalités védiques de l’intérieur. Cette analyse permet de faire l’économie de la supposition que la doctrine de la renaissance aurait une origine non védique et aurait été introduite de l’extérieur dans la littérature brahmanique.