Résumé de la conférence

Les scribes du monde indien possédaient, depuis les inscriptions d’Asoka (milieu du IIIe siècle avant notre ère) deux systèmes d’écriture syllabique, qui reposaient sur le même principe (abugida), à savoir la notation implicite de la voyelle /a/ : la kharoṣṭhī (écrite de droite à gauche, et dérivée de l’araméen) et la brāhmī (écrite de gauche à droite). Les communautés bouddhiques ont eu recours à ces deux systèmes à partir des derniers siècles avant notre ère, et les missionnaires ont véhiculé, avec les textes du bouddhisme et les autres éléments de la culture manuscrite et littéraire de l’Inde, ces écritures en Asie Centrale, à partir du début de notre ère.

La kharoṣṭhī, associée aux textes notés en prâkrit (moyen-indien) du Nord-Ouest, alias gāndhārī, n’a pas subi de changements très importants, hormis l’influence de la brāhmī. La brāhmī, qui était très adaptée à la notation du sanskrit, a connu un développement considérable, et des adaptations aux langues locales, qui avaient des phonologies différentes des langues du monde indien : tocharien (A et B), saka (moyen-iranien) de Khotan et de Tumshuq, turc ancien (ouïgour). Il en est résulté de nouveaux syllabaires locaux, dont plusieurs ont pris pour modèle la brāhmī adaptée pour le tocharien, anciennement la langue B, parlée dans la région de Kucha, au nord du désert du Taklamakan, dans le Xinjiang actuel. Par ailleurs, le sogdien, le moyen-perse (tous deux du stade moyen-iranien) et le turc ancien ont été notés aussi par des écritures dont le modèle ultime est l’écriture araméenne, transmise depuis l’Ouest, le long des routes commerciales, et à l’occasion de la diffusion d’une autre religion, le manichéisme.

À propos de Georges-Jean Pinault

Georges-Jean Pinault est professeur des universités depuis 1994, et directeur d’études à l’EPHE – PSL, Section des Sciences historiques et philologiques, Paris, depuis 1999. Il y occupe la chaire de philologie des textes bouddhiques d’Asie centrale.

Son travail se concentre sur le bouddhisme tocharien et sur des textes parallèles écrits dans d’autres langues d’Asie centrale, entre autres le sanskrit et le vieux turc.

Il édite actuellement les manuscrits tochariens de la collection Pelliot, conservés à la Bibliothèque nationale de France. Outre la lecture et l’interprétation de textes tochariens de différentes collections, ses publications comprennent des études linguistiques sur tous les aspects des deux langues tochariennes.

Son domaine d’expertise couvre également la linguistique historique et comparée de plusieurs langues indo-européennes, notamment celles du groupe indo-iranien. Il est le chercheur principal du projet « History of Tocharian textes of the Pelliot Collection » (HisTochText), 2018-2024, soutenu par le Conseil européen de la recherche (Advanced Grant, Action number 788205). Sa bibliographie se trouve sur le site de l’EA 2120, Groupe de Recherches en Études Indiennes (GREI) de l’EPHE – PSL.

À propos du cycle de conférences

Page consacrée au cycle de conférences comprenant la brochure : https://ilara.hypotheses.org/2556

L’écriture a été inventée, de manière indépendante, en plusieurs endroits et dans des contextes toujours différents : en Mésopotamie et en Égypte à la fin du IVe millénaire, dans le monde égéen et en Chine au IIe millénaire, dans la vallée de l’Indus au IIIe millénaire, en Amérique centrale au Ier millénaire avant notre ère. Par des chemins multiples, les écritures alphabétiques diverses dérivent de ces premières traditions écrites. Autant que des outils de notation linguistique, les écritures sont des modes de communication visuelle et des marqueurs d’identités culturelles, reflétant les sociétés anciennes qui les ont créées, transmises et transformées.

Ce cycle de douze conférences présente une partie de ces écritures et la richesse de leur histoire. Les conférences, données par des spécialistes des écritures en question, s’adressent à un public large.

Lien pour s’inscrire à la conférence : https://www.eventbrite.fr/e/billets-conference-8-cycle-de-conferences-les-ecritures-dans-les-mondes-anciens-316661361657