L’humour déplacé
Traductions interculturelles et transmédiales
Journées d’études organisées par Nadia Cattoni et Nicola Pozza (UNIL)
5-6 décembre 2024
UNIL, Château de Dorigny, salle CD106
Avec la collaboration de Anne Castaing, Nicolas Dejenne, Claudine Le Blanc (DELI)
Si le rire est un phénomène semble-t-il universel, les façons dont les cultures construisent les raisons de rire et de sourire sont diverses, et ont évolué dans le temps. Ce qui faisait rire hier ne fait pas forcément rire aujourd’hui, ce qui fait rire dans un contexte culturel ne fait pas forcément rire dans un autre. L’humour, en particulier, est intimement lié à un contexte d’énonciation, mais aussi de réception : l’humour peut ne pas être voulu par un auteur et pourtant être ressenti par le lecteur. C’est pourquoi la traduction de l’humour, qu’il s’agisse de l’humour des jeux de mots, des pièces de théâtre, des films et séries télévisées, ou de la littérature en général apparaît à bien des égards comme une tâche impossible. Ce qui est source de comique dans une langue et une culture ne se transpose pas simplement, mécaniquement, dans d’autres langues et cultures. Mais si la traduction peut éprouver des difficultés à rendre cet effet comique, elle peut aussi être source d’humour, parfois de façon involontaire.
Aussi la question de la traduction de l’humour intéresse-t-elle depuis longtemps les spécialistes de traduction aussi bien que les plus récentes humour studies. Les travaux sur ce sujet se sont multipliés depuis une vingtaine d’années (Antoine & Wood 1998 ; Tran-Gervat 2012), explorant les modalités de transfert translinguistique de ce qui est d’abord, à l’instar de la poésie, un jeu avec la langue. Ces journées d’étude visent plus spécifiquement à mettre l’accent :
- sur la traduction de corpus moins explorés dans cette perspective, les littératures d’Asie du Sud, rapprochées de corpus de l’Antiquité classique, mais aussi les traductions transmédiales, notamment vers le théâtre et le cinéma ;
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sur les pratiques de traduction : comment reproduire pour un récepteur second l’humour destiné à un récepteur original ? Si les expressions de l’humour sont variées – elles peuvent porter sur des aspects sémantiques (un jeu de mots, un terme insolite, un nom propre ayant une signification), syntaxiques (l’inversion de la cause et de l’effet, une juxtaposition contradictoire, une rupture dans la narration), stylistiques (une métaphore, une exagération, une répétition), ou contextuels (le recours à des références inattendues ou la description d’une situation paradoxale) – elles ne sont pas toutes traduisibles au même degré ni de la même façon.
Les journées sont envisagées en deux parties. Les intervenant·e·s seront invité·e·s dans un premier temps à présenter un cas d’étude dans son contexte culturel et linguistique spécifique et les enjeux de sa traduction. Les cas d’étude porteront sur leur propre pratique de traduction ou sur des stratégies observées dans des sources tierces, contemporaines ou non. Dans un second temps, des tables rondes offriront aux participant·e·s l’occasion de discuter en détail de ces cas et de questions pratiques rencontrées lors de traductions de passages humoristiques d’une langue à l’autre ou d’un médium à l’autre.